Rencontre avec Christelle Avril, à l’hôpital Oscar Lambret de Lille,
Le samedi 19 octobre 2019, nous sommes allés à la rencontre de Christelle Avril, à l’hôpital Oscar Lambret de Lille. Cette enseignante en milieu hospitalier, utilise elle aussi un robot NAO, et nous a fait part de son utilisation ainsi que de son expérience avec ce robot, qui est bien différente de la notre avec Zach, Mia ou Nala, mais tout aussi intéressante.
En effet, ce robot possède un boîtier, installé sur le dessus de sa tête, sur lequel Christelle installe un téléphone. Il est ensuite assis sur son fauteuil.
Lorsqu’un enfant est hospitalisé sur une longue durée ( pour une greffe par exemple ), il est enfermé dans sa chambre pendant plusieurs semaines et ne peut assister aux cours de classe comme les autres enfants, ce qui a un impact en premier lieu sur son apprentissage. Mais cela le prive aussi et surtout du lien social qu’il entretenait auparavant avec ses camarades de classe et les enseignants.
Or, ce lien est indispensable pour le développement de l’enfant, son bien-être, son estime de soi, et même sa guérison. C’est pourquoi le robot Nao va aller directement dans la salle de classe habituelle de l’enfant malade, qui peut se trouver n’importe où, indépendamment du lieu d’hospitalisation de l’enfant.
L’enfant malade est toujours accompagné de Christelle lors de ces moments, qui guide l’enfant et maintien la connexion et la communication ( et qui sert parfois aussi de 2e maîtresse…).
Une fois le téléphone installé sur la tête du robot, allumé et connecté, l’enfant peut, via la tablette qui lui est mise à disposition, assister aux cours, avec ses camarades de classe autour, et sa maîtresse habituelle.
La transmission se fait un peu comme un « Skype amélioré » ( très amélioré…). De même, l’enfant peut, au même titre que les autres enfants, participer aux leçons et répondre aux questions, en demandant au robot de lever la main pour lui.Il peut aussi participer aux dictées organisées, donner des réponses que la maîtresse reçoit en direct sur une tablette.
Et surtout, il voit ce qui se passe dans la classe, interagit avec les autres enfants, ses amis.Le robot n’est pas seulement là pour les temps d’apprentissage, mais aussi pour les temps de récréation, où l’enfant hospitalisé retrouve cette complicité avec les autres enfants, où ils se racontent des histoires et des secrets, et où celui-ci ne se sent plus seul dans sa chambre d’hôpital. D’autre part, cela permet aussi aux camarades de classe, de voir que oui, notre ami est malade, mais il peut aussi travailler, il sait autant de choses que nous, voir plus. L’enfant n’est plus réduit à sa maladie, mais bien vu comme une personne dans son entièreté, avec les mêmes capacités que les autres.
L’enfant voit le robot comme un outil de communication, lui permettant d’être à l’école, de voir ses camarades, tout en restant dans son lit d’hôpital.
C’est une source de motivation intense pour lui, lui permettant de poursuivre son apprentissage scolaire et de favoriser ses relations sociales, tout en continuant son traitement.
Suite aux explications de Christelle, nous avons pensé à reproduire le même système d’utilisation, à Strasbourg.
L’idée serait d’entrer en contact avec les enseignantes de l’hôpital de Hautepierre, leur proposer le projet, et pourquoi pas, faire venir Chrystelle Avril pour qu’elle puisse partager son expérience en tant qu’enseignante, et les convaincre des bienfaits de ces robots, et ce que cela pourrait leur apporter de très positif.
Dans la même idée, nous avons pensé à créer une salle de classe robots à Hautepierre, où les enseignantes pourraient utiliser le robot avec les enfants hospitalisés, lorsqu’il n’est pas dans les salles de classe.
Nao n’est donc pas utilisé en interne à Oscar Lambret, à l’inverse des robots des Semeurs d’étoiles. Cependant, au vue de notre expérience très positive quand à l’utilisation de ces robots en interne, à visée de divertissement et d’animation pour les enfants malades, Christelle Avril a émis le souhait de tenter cette expérience.
Cela pourrait se faire sous forme d’animation directement dans la salle de classe de l’hôpital, avec plusieurs enfants malades.Elle a aussi imaginé permettre à un enfant hospitalisé à un étage, d’entrer en relation avec un enfant hospitalisé à un autre étage ( un enfant avec le robot, et l’autre avec une tablette ).
Utiliser le robot pour créer des programmations, des compositions, où l’enfant pourrait voir directement le résultat de son imagination serait aussi une possibilité. Cependant, cette utilisation n’est pas envisageable avec le robot que possède actuellement Christelle, car le logiciel ( de la société ERM ) ne s’y prête pas.
Or, les robots dont nous venons de faire l’acquisition au sein de l’association Semeurs d’étoiles ( Mia et Nala ), possédant les logiciels de la société Zora robotics, sont adaptés à la création de compositions, par les enfants, et possèdent des fonctionnalités plus développées.C’est pourquoi, nous avons proposé à Christelle de lui mettre à disposition un de nos nouveaux robots, durant un temps, afin qu’elle puisse le tester, découvrir ses fonctionnalités, voir ce qui est intéressant, et peut-être à terme, pouvoir en acquérir un pour les enfants malades d’Oscar Lambret.
Christelle nous a aussi fait découvrir d’autres petits outils de robotique, qu’elle utilise au quotidien avec les enfants hospitalisés, tels que les robots MINDSTORMS ( de Lego ), outils de programmation, ou encore les « ozobots », utilisés avec les enfants les plus jeunes. Ceux-ci pourraient être intéressants à introduire dans les services de pédiatrie, afin de divertir un peu plus les enfants malades, et de participer à leur bien-être. On pourrait en acquérir plusieurs, et les mettre à disposition dans différents hôpitaux.
Nous avons aussi dans l’idée d’étendre notre utilisation des robots à d’autres enfants.Notamment les enfants atteints d’autisme, car des études ont démontré que les enfants autistes sont très réceptifs à ce genre de robots.En effet, les enfants autistes sont très sensibles aux émotions, aux gestes, aux mimiques des humains, et ont souvent des difficultés liées à la perception de ces émotions.C’est notamment pour cela qu’ils ont parfois des problèmes pour entrer en relation et en communication. Or, les robots que nous possédons, n’expriment pas de réelles émotions, ne font pas de gestes brusques, ne changent pas de ton de voix, etc. C’est pourquoi, les enfants autistes sont très réceptifs et arrivent à entrer en communication avec eux.
Le robot peut même servir parfois d’interface de communication, car l’enfant autiste va l’utiliser pour exprimer ce qu’il ressent ( va rendre le robot triste pour faire comprendre qu’il est triste…).Nous sommes actuellement en relation avec une enseignante pour enfants autistes de Strasbourg, avec laquelle nous travaillons sur ce projet.
Étant donné nos utilisations très différentes avec les robots NAO, il a été très intéressant de partager nos expériences sur celles-ci.
Nous avons pu retrouver des similitudes dans certaines manipulations, ou au contraire de grandes différences.Nous avons aussi mis en avant les avantages et les inconvénients de nos pratiques, ce que nous pouvons améliorer ou modifier.
Pouvoir échanger et partager, fut très enrichissant pour nous. Cela nous a beaucoup motivé, nous a donné de nombreuses idées pour la suite, et a surtout mis en évidence les capacités et utilisations infinies de ces robots.
Nous aimerions maintenant nous tourner vers les autres hôpitaux possédant des robots NAO en France, afin de partager nos expériences d’utilisation, et découvrir comment eux l’utilisent. A terme, notre souhait serait de créer une plateforme, avec laquelle nous pourrions partager au quotidien nos expériences et être en contact permanent avec les autres utilisateurs de ces robots dans les hôpitaux.
Nous sommes convaincus que partager nos expériences avec les autres utilisateurs de ces robots dans les hôpitaux, ne pourra qu’être bénéfique pour nous, et pour eux, et nous permettra d’utiliser au mieux les capacités ultra-développées de ces robots. ( La preuve en est avec toutes les idées que nous avons développées plus haut.)
Notre rencontre avec Christelle a confirmé cette idée, et nous la remercions encore une fois de nous avoir accueillis chaleureusement dans sa salle de classe, de l’hôpital Oscar Lambret, avec beaucoup de gentillesse, et cette même envie de partager son expérience et d’améliorer le quotidien des enfants malades.
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